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11/11/2020

Mot à mot

Ce triste temps m’interdit de manipuler des haltères, j’ai donc tout loisir de  manipuler des mots. Certes, mes écrits ne se haussent pas assez du col  pour passer à la postérité, mais du moins ils savent conjuguer le participe passé et distinguer le futur « je ferai » du conditionnel « je ferais ». A l’âge où j’apprenais le français, dans le fameux paquet « lire, écrire, compter », on trouvait aussi  l’orthographe.

Aujourd’hui, ce n’est plus une priorité. Il faut dire qu’on encaisse des invasions diverses. La plus encombrante est celle de l’Anglais. Certes, on a intégré le week-end, le flirt, qui font partie de la famille. Mais je continue de m’étonner qu’il faille dire « light » pour sans sucre et que ma bibliothèque, le temple de la lecture m’écrive : avec le coronavirus, on n’a pas pu installer le « DRIVE ». Sans doute, avant qu’on ne me propose d’obtenir un livre grâce au « click&connect ».

Dans ces conditions, pas étonnant qu’on crée dans les medias des drôles de néologismes. Depuis 2017, on bavasse à tout va sur le « macronisme ». Certes, Trump est « out », mais le « trumpisme » risque fort de lui succéder.

Une autre invasion, à priori bénéfique : l’informatique. Avec ses logiciels et ses services largement importés de Californie, elle ne mégotte pas non plus sur l’Anglais. Le plus irréductible des gaulois s’est laissé envahir de S.M.S. et de e-mails sans frémir. Et quand l’autorité lui impose une attestation, il est ravi de faire un scan, puis d’une pression sur le mot « print » d’obtenir son papier. Encore un peu, et il acceptera qu’on transfère ses « data » dans le « cloud » !

Des exercices mentaux bien utiles quand il faut aborder en bon vrai français le maquis des conjugaisons, avec maintenant un féminin qui s’y glisse davantage. On est habitués aux institutrices et aux agricultrices. On tique un peu sur les doctoresses ou les demanderesses. Mais il y a une solution simple, c’est le « e » du féminin. On a donc de très correctes docteures, professeures. Sauf que ce petit « e » sent un peu sa soumission au masculin. On trouve donc maintenant à côté des auteures des autrices. Heureusement, tant qu’Alice Coffin n’est pas à l’académie française, on n’est pas obligés de conjuguer des piétons et des conductrices pénalisé-e-s.

 Il y a un domaine où on oublie toutes ces subtilités : le sport. Même si on ne s’appelle pas Claude ou Dominique, à vélo avec les copains, on se concentre ensemble sur ce qu’on est en train de faire, sans référence « genrée ». Quand le club me demande de faire un compte-rendu de la randonnée, je peux magnifier sans hésitation notre petit peuple de cyclistes.

17:21 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)