26/01/2018
"J'ai deux amours"
Sauf allergie prononcée pour la chose, on peut parler sport avec moi. J’en suis même assez fan, particulièrement de vélo en été avec des débordements sur les intersaisons, et de ski en hiver, la neige présente ou absente en marquant les limites.
En pleine campagne de ski de fond, ce sont dans mes souvenirs que je retrouve mon vélo. Dans le moindre raid on va découvrir plein de paysages et s’en repaître les yeux . Heureusement qu’il nous en offre, car la vue des cyclistes pédalant a un côté un peu monotone. Sauf celui-ci qu’on voit pédaler « en facteur ». D’autres, singeant les Harley-Davidson », ont le guidon trop haut, la selle trop basse, ce qui va bien pour le plat descendant et moins dans les autres reliefs. Et on ne parlera pas de celui qui s’est trompé de braquet.
Malgré sa progression en équilibre, le vélo ne procure généralement pas de chûtes. A l’exception de quelques-uns qui par un vain souci d’originalité viennent embouteiller les urgences à l’hôpital.
A cause de la vitesse de déplacement, le ski de fond nous confine au paysage du jour, mais souvent somptueux. On a alors largement le loisir d’observer les divers usagers de la neige.
Par précaution, celui-ci a chaussé des raquettes. Sa démarche est aussi primesautière que celle du bébé avec sa couche entre les jambes. Plus téméraires et à skis, ceux-là ont les jambes qui flageolent. Devant la descente qui s’annonce : arrêt crispé. Il y a de quoi. En revanche du vélo, la neige plus douce que le bitume leur permet de s’y vautrer à loisir et avec une sorte de délectation.
On trouve aussi à la neige des vacanciers, assez communément désignés sous le nom de « parisiens ». Habitués à protéger leurs biens à la ville, non seulement ils rentrent leurs skis dans la salle hors-sac, voire les étendent sur la table de pique-nique. Qui peut encore prétendre que les sportifs ne sont qu’un amas de muscles avec un cerveau de linotte ? Quand ils n’ont qu’à ouvrir les yeux pour d’impayables études de sociologie.
16:32 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (2)
19/01/2018
"C'était l'bon temps"
Dans une randonnée, on s’arrête un moment pour mesurer le chemin déjà parcouru. A ce stade de la grande randonnée de ma vie, quand je me retourne sur le passé, à l’époque de mes parents par exemple, je vois des gens pas riches, qui travaillaient beaucoup et qui semblaient heureux, surtout quand l’occasion, rare, se présentait d’une réunion festive en famille.
Biberonnés dès l’enfance au mieux-être, quasiment au bonheur, grâce au progrès de la science, que sommes-nous devenus ? On a envie de répondre dans le très présidentiel langage de D.Trump des « couilles molles », nourries aux « fake news » dont nous abreuvent à longueur de jour les Twitter et autres réseaux sociaux.
Même les radios et TV publics nous assourdissent de divertissements, d’humoristes plus ou moins drôles, de philosophes discourant sur une sagesse introuvable. Mais où sont passés les débats d’antan ?
Faute de devoir organiser leurs idées pour des débats absents , les politiques naviguent sur les vagues alternées des populistes. C’est ainsi que des élus, un candidat à la présidence, s’étonnent qu’on ne puisse plus employer ses enfants. Les citoyens accepteraient cet emploi (c’était même légal, ) mais pas les salaires somptueux alloués à ces jeunes pour rendre des copies quasi blanches.
Fatigués de débattre de sujets sérieux, on ne risque pas d’écrire, sinon les fameux 140 caractères où l’on décoche la petite phrase qui fait mouche. Les opérateurs ont bien compris cette paresse de réflexion et d’expression qui dispensent d’exprimer des sentiments, fournissant en un clic l’émoticône ad-hoc.
On a pourtant assez d’imagination pour créer des mots qui embrument nos carences. Est-ce en affublant des personnes du vocable de « dublinés » qu’on fait avancer la question des réfugiés !
J’ai bien conscience que ce sont là des ronchonneries d’ « ancien combattant », pour tout dire de « vieux con ». J’assume : il n’empêche, cela me fait réfléchir, et les gens de pouvoir devraient y réfléchir aussi. Laisser s’installer ces déviances nous conduit à une société disloquée, égoiste, où régneront les riches et les puissants. A force de s’y habituer, on finira par oublier de s’en indigner.
10:52 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
12/01/2018
Le retraité nouveau
J’avais commis récemment une ode au retraité moyen, heureux d’avoir eu un emploi, quand ils existaient, bien payé et qui pouvait s’acquitter de ses impôts, même pas allégés. Sans doute, empli de mes très nombreuses satisfactions d’ainé (ainé , c’est maintenant le mieux pour vieux, senior, etc..), j’avais été un tantinet optimiste.
En effet, ce retraité est dans un entre-deux semblable à un fond de vallée entre deux versants peu accessibles : d’un côté, le très grand âge et l’EHPAD à l’horizon, de l’autre, les actifs dont on n’a plus l’âge.
C’est sûr que notre retraité n’est pas pressé d’aborder le versant grand âge. Pas forcément celui des actifs pour autant : ce sont plutôt eux qui l’attirent à eux. Psychologiquement, ça se comprend, si papy est un peu des notres, cela retarde d’autant notre vieillesse. Pour en être sûrs, ces jeunes embarquent les ainés dans des défis parfois sportifs, plus souvent prosaïquement matériels.
Toutefois, quand le vieux retraité se prend à y croire, la jeune génération a vite fait de lui rappeler qu’il n’a plus 20 ans , ni même 40. Ainsi, dans le bus, à la course vers le fauteuil libre, c’est toujours le jeune qui gagne. Si papy se voyait, sinon hyper, mais juste bien connecté, le soupir étouffé dans la bouche du junior, mis devant un « problème », dit à qui de droit : mon petit vieux, t’es toujours pas du siècle. Du moins, ces braves jeunes n’hésitent jamais à compléter les manques sur ce sujet.
Je crois vraiment que cette lenteur qui nous gagne au-delà des 70, 75, est un atout. Celui qui nous mène, à tous petits pas, se gardant de chaque versant, vers ce fond de vallée, si peu pressés d’y parvenir.
15:52 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)